Storytelling : Mexique – Panama

[4/11/21]

Après 1500km à parcourir le Mexique sur nos bicyclettes, nous atteignons enfin le Guatemala !!

Après une brève pause dans la sympathique ville de Jonuta en raison d’une fièvre ayant affaiblie un des membres de l’équipe, nous prenons le chemin de la célèbre ville maya, Palenque.

Faux départ, deux jours de vélo, 300 piqûres de moustiques et une nuit dans un ranch au milieu des cochons plus tard, nous sommes contraints de faire une nouvelle pause à Palenque. Cette fois, on a de quoi s’occuper et on traîne dans les ruines maya à la recherche de Pierre(s) de Jade cachées.

Une fois totalement rétablis, on s’attaque à la traversée du Chiapas. Dans cette jungle, on rend d’abord visite aux Zapatistes, communauté altermondialiste autonome du Mexique. On est convié par notre hôte Jorge Guzman à une réunion politique de la plus haute importance le lendemain matin afin de renforcer les liens des zapatistes avec la France. Un peu trop accoutumés aux habitudes locales, on arrive en retard et semble manquer le coeur du débat.

On prend ensuite le chemin de la Selva Lacandana pour rencontrer les lacandons, un des derniers peuples adepte des traditions mayas et parlant le Ch’ol. Les mayas modernes semblent plus enclins à bénéficier du tourisme, bien qu’ils s’attachent à développer un tourisme écologique.

Finalement, on arrive à la frontière guatémaltèque. Nos premiers pas s’annoncent difficiles, on vient de donner nos derniers pesos au passeur quand on nous annonce que la banque la plus proche est à deux jours de vélo sur des routes de terre. Heureusement on fait la rencontre de Carlos, maître d’école, confectionneur de bijoux artisanaux et livreur de journaux, qui arrange tous nos soucis et on prend plus sereinement la route de Guatemala City.

 

[19/11/21]

On atteint les 2000km peu de temps après avoir franchi la frontière du Salvador.

Avant ça, on traverse le Guatemala du Nord au Sud. Dans les montagnes, notre espagnol qui va en s’améliorant, doucement mais sûrement, nous est inutile, les villages sont peuplés de familles q’eqchi’ parlant le dialecte du même nom et revêtant des tenues traditionnelles colorées. Pourtant, un soir où l’on débarque au milieu d’une famille nombreuse en pleins travaux de rénovation, on comprend assez vite qu’on est invités à y participer. Après avoir dévoilé nos talents de betonneurs au Mexique, c’est à la peinture qu’on est assignés.

Un autre soir, alors qu’on a fini notre étape sous la nuit tombante, sans manquer, en chemin, une belle chute à cause d’un trou énorme dans la chaussée, on nous donne le contact d’un dit réparateur de vélo pouvant nous accueillir à San Andres Itzapa. On finit par trouver notre ami dans l’atelier de Maya Pedale, une association qui traficote des vélos pour qu’ils servent à égrener le maïs. Il nous invite à planter la tente au milieu de l’atelier et nous ne manquons pas de tester ses vélos rigolos.

Arrivés à Antigua, on s’aventure sur le volcan Acatenango qui culmine à 4000 mètre d’altitude. Pierre ayant perdu sa frontale, et connaissant sa myopie, je fais l’erreur de lui confier la mienne pour qu’il trace le chemin. Sans surprise, on se retrouve quelques minutes plus tard perdus en pleine nuit au milieu des volcans. Dans un decors apocalyptique avec en fond les rugissements du volcans de fuego en éruption, on erre plusieurs heures à la recherche de notre tente. À 4 heures du matin, après une courte nuit, face a un vent qui insiste pour nous décoller les oreilles, on parvient enfin au sommet.

Au retour de cette excursion, il nous faut deux jours pour effacer les traces que cette randonnée a laissé dans nos adducteurs. On traine un peu dans les rues pavées d’Antigua, ville coloniales anciennement capitale du Guatemala, et trop impatients de reprendre la route, on enfourche nos vélos et on passe la frontière salvadorienne en même temps qu’on atteint les 2 000 kilomètres.

 

[26/11/21]

Le Salvador, le pays avec le taux d’homicide volontaire le plus élevé, on l’a traversé l’œil aux aguets. On a épié les visages et les bras à la recherche de tatouages révélant une appartenance à un groupe Maras, des gangs armés, trafiquants de drogues particulièrement violents qui noyautent le pays et s’étendent au Honduras et au Guatemala. Par chance, comme souvent, on s’est heurtés au discours du « Aquí no es peligroso, pero allí sí », et le allí on y arrivait jamais, repoussé de plages en plages jusqu’à la frontière du Nicaragua. Il faut dire en vérité qu’on a évité la capitale et suivi la cote par des sentiers plus calmes.

Après une première nuit passée dans des hamacs « filets de pêche » en face de l’eau, la mer, on ne pouvait plus la quitter. Alors chaque jour, on s’est arrangés pour la retrouver coûte que coûte et planter la tente au milieu des palmiers. On aimait tellement nos pêcheurs qu’on a même fini par dormir avec eux, au milieu d’une coopérative de poissons plutôt animée.

Une journée d’anniversaire couronnée par un plat de pâtes au petit déjeuner plus loin,

Mes 21 bougies soufflées et fêtées par un gros plat de pâtes au petit déjeuner, on a atterri sur une plage qu’on a eu du mal à quitter. Alors qu’on était un peu perdus sur une île sillonnée uniquement de chemins de sable difficiles à franchir, on est tombés sur une Santos agitée. Santos c’est pas la mer c’est une salvadorienne exilée aux États Unis qui revient passer du temps sur SA plage, LA plage, la plus belle qu’elle ait jamais vu. Alors quand elle est tombée sur nous qui nous apprêtions à prendre un bateau pour regagner la cote sans y avoir mis les pieds elle a pas supporté. Il a fallu, et sans regret, rebrousser les chemins de sables pour déboucher sur un horizon infini habitée par quelques chevaux en liberté. Et ce n’est que le lendemain matin, après avoir été accueillis et dorlotés par Santos et son mari qu’on a pris notre route pour la cote, escortés par une bonne partie du village.

Finalement il a quand même fallu quitter le Salvador et traverser brièvement le Honduras pour gagner le Nicaragua. Du Honduras, on a que peu de souvenirs mais sa frontière avec le Nicaragua, elle, nous aura marqués. Il faut dire qu’on y a passé presque autant de temps que dans la pays, et après de longues et longues heures d’attente, on est arrivés, de nuit, au Nicaragua et avons franchi la barre des 2500km.

 

[04/11/21] – 3000km

Enfin arrivés au Nicaragua, on s’est retrouvés encerclés de volcans et il a fallu choisir lequel gravir. On a porté notre dévolu sur le Cerro Negro, un petit volcan dont l’ascension s’annonçait plutôt mignonne. Mais comme d’habitude, il a fallu tout compliqué… Alors on a décidé d’arriver à ses pieds à vélo, lourde tâche. On commençait à être un peu habitués à pédaler dans le sable, ça n’a pas manqué. La cime du volcan en vue, on s’est résolus à cacher les vélos dans les buissons et finir à pieds, quittant un nouvel ami de route, un chasseur d’iguanes au lance pierre rencontré au milieu de nul part, fier de nous montrer ses proies empilées dans un grand sac, toujours vivantes. Pas de guide, pas de luge. On a failli manquer l’incontournable descente du volcan tout en glissade et puis finalement on a glissé sur les fesses ajoutant de jolis trous au short déjà dentelle de Pierre.

Sortis de ce désert de sable volcanique, morts de soif, on a atterri à Léon, grande ville coloniale étudiante. Là, on a filé notre toile d’araignée sur une terrasse branchée de la ville. Il n’a pas fallu trop attendre pour qu’un père et son fils tombent droit dedans. Après de grands débats, le père me faisant les gros yeux à l’évocation du gouvernement Nicaraguayen, me pointant son téléphone du doigt pour me signifier qu’on était tous écoutés, on a roulé à pleine allure en se partageant deux vélos pour quatre jusqu’à leur maison et fini la soirée dans les nuages avec Maveric et ses chiens au fond du jardin.

Une autre soirée, en s’approchant du grand Lac Managua, un banquier local à moto nous a accosté. Il fallait le suivre absolument, il connaissait une famille de clients fidèles, chez qui on devait passer la nuit. On avait visiblement pas trop le choix alors, un peu méfiants en s’enfonçant dans des chemins de terre peu éclairés, on l’a suivi. Au bout des chemins, on a rencontré l’immanquable famille d’Ivania avec qui on a commencé la soirée par une session de pêche au coucher de soleil et on l’a finie 15 plats de poisson frit, beignets, et spécialités aux noms imprononçables plus tard, le ventre tout gonflé.

On a clos notre tour du Nicaragua par un détour sur l’île d’Ometepe où ENFIN, après des mois de suspens et de sessions excursion dans la jungle, guidés par leurs hurlements sans jamais les trouver, on a rencontré des singes ! Il faut dire que sur cette île, des animaux il y en avait de tous les côtés. Tellement qu’un matin on s’est réveillés d’une soirée un peu arrosée au milieu d’une horde de vaches qui manquait d’écraser notre tente.

 

[15/12/21] – 3500km

Le Costa Rica a bien porté son nom. Nous qui avions longtemps cherché des têtes de touristes blanches au milieu de la foule et dans les bars, on a été servis. Ici, pas de horde d’enfants qui crient « gringos, gringos » à notre passage, sinon, ils n’auraient plus de voix. Alors la vie a été douce, on a retrouvé la côte et ses plages mais cette fois accueillis comme des rois. Des maisons, les gringos, ils en ont à la pelle, alors ici c’était pas un coin de jardin qu’on nous offrait c’était carrément la clé de la seconde maison secondaire de la famille.

On s’est quand même arrangés pour passer un peu de temps avec les ticos, plus rigolos. Fransisco, la vingtaine, gardien du parc Manuel Antonio, qui s’amuse de nous entendre lui raconter qu’on a trouvé un passage secret pour accéder au parc sans payer et nous invite à passer la nuit dans son petit chez lui. Merery, caissière de supermarché, qui se met en tête d’appeler l’entièreté de son carnet d’adresse pour nous trouver un logement quand on lui achète un sac de riz en lui disant en rigolant qu’on va passer la nuit avec, sous la pluie ; et qui finit par presque s’excuser de nous accueillir avec plaisir si on veut bien attendre la fin de son service. Alfredo, alias Elvis Presley, propriétaire d’une coiffure d’enfer et d’un bar clandestin tout en bambou bravant tous les couvre feu, qui nous invite à planter la tente carrément au milieu de la piste de dance.

On a fini le Costa Rica par un petit point culture, qui n’est pas un point fort du pays. Sur le site archéologique de la Finca 6, un des plus célèbre, il a fallu redoubler d’imagination pour se représenter les différents édifices d’antant dans les grandes pleines absolument vides du site. On peut pas vraiment dire qu’elles étaient vides, c’est vrai, quand on ouvrait grand les yeux on pouvait apercevoir des « bolas de piedras » gros cailloux ronds hérités des peuples indigènes, qui pointaient le bout de leur nez.

Enfin.. On est arrivés au Panama où on a eu du mal à quitter la pana. Tout écart de cette grosse autoroute qui traverse toute l’Amérique latine était assez aventureux.

Notre premier écart nous a conduit tout droit dans le bar d’un petit village où on comptait tendre tranquillement notre toile. Mais cette fois c’est nous qui avons été pris dedans. A peine les fesses posées sur une des chaises en plastiques bancales du café, une nuée de panaméricains bien éméchés nous ont accostés. Tous, croyant qu’on ne parlait pas espagnol (et le croyant toujours même après qu’on leur ait pas mal parlé) s’efforçaient de nous attirer chez eux à coup de grands gestes, de mimes et de regards insistants. On a opté pour la maison la plus proche, quittant avec regret une grande amie qui s’était enfaite surtout prise d’amitié pour Pierre.

Au cours d’un autre détour, on s’est retrouvés dans un tout autre decor. Embarqués dans un pick up, on était loin de s’imaginer qu’on allait être conduits dans un des hôtels de luxe, encore en construction, de la côte de Las Lajas. En ouvrant la porte, on s’est retrouvés dans un grand salon à peine meublé, avec au milieu, pris dans un nuage de fumer, un roumain d’une cinquantaine d’années qui pianotait sur le clavier de son ordinateur dernier cri accompagné de sa dulcinée dont il était de 20 ans l’aîné. Au milieu de la soirée, alors qu’on sirotait tous notre bière dans la piscine de l’hôtel, j’ai eu le malheur de parler des talents cachés, plutôt bien cachés, de photographe de Pierre. Dix minutes plus tard, on y était tous, à remuer l’hôtel pour arranger les chambres, et observer Pierre prendre des photos “pros” pour le site internet, alors qu’en réalité, il avait sorti son nouvel appareil deux fois depuis le début du voyage. Ca a été un peu un flop, comme on pouvait se l’imaginer étant donné que la nuit était largement tombée.

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